vendredi 20 mars 2009

Le Travestissement du Langage


Séduire par la langue !

Le pouvoir des mots, l’immanence, la transparence…que reste-t-il à l’homme qui n’est que parole, une parole vaine pour dire la vie, chanter l’amour si ce n’est par le biais du langage ?

Le langage se fait poésie, éclatement dans une éblouissante transparence.

Pour trouver fascinante cette écriture qui se tient en équilibre au bord des fantasmes, du délire, et même de l’anéantissement, il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec cette idéologie.   

Toute la parole prononcée ou écrite n’est-elle que nominalisme, c’est-à-dire ici ne renvoyant qu’au mot lui-même comme ultime réalité ?

Toute la réalité étant réduite à la réalité du mot.

L’esprit ne désir-t-il pas connaître une réalité autre que verbale, le cœur aimer autre chose que le verbe aimer et l’être entier aller vers une réalité que désignent les mots mais qu’ils ne peuvent pas remplacer ? 

Ainsi la parole dit la réalité. Elle dit ce qui est une parole authentique qui cherche l’accord entre ses mots et ce qui à quoi renvoient les mots.    

La parole dit, et son dire veut dire ce qui est. La parole n’est pas totalement créatrice, la réalité n’est pas totalement donnée comme un modèle à calquer  par les mots. Il y a dans la parole décalage par rapport aux choses, donc liberté de création, en même temps que soumission à ce qui est sous peine de ne rien dire d’intelligible.  

Le sens que dit les mots, est cet intermédiaire ou le monde se rencontre, l’homme pas tout a fait créateur, le monde n’est pas tout à fait créé.

La parole est l’intermédiaire entre l’homme et le monde: monde des autres, monde des choses. En elle s’établie le sens et  la beauté.  Pourquoi parler ?

La parole de l’homme est, elle, à la fois l’expression d’un manque et celle de la puissance. 

Manque car il ne peut pas être, ni se faire choses, paysage ou l’autre. Puissance car il signifie qu’il est détaché des choses.


L’homme parle, sa parole se déroule dans le temps parce que l’homme est temporalité. La parole est aussi essentiellement l’homme, car comme lui et parce qu’elle l’ exprime, un mot dans son détachement du réel et le vide qu’elle exprime, est à la fois besoin du réel et liberté de l’homme : la parole peut rester forme vide et exprimer ce qui en l’homme est la part du néant qui le constitue, et son désir d’aller vers la plénitude  en faisant du mot non un véhicule vide, mais plein de sens et du sens de ce qui est.

L’homme aspire à tout embrasser, sa véritable vocation est  l’universel. En toutes ses pensées, en toutes ses entreprises. Et par le mot qui est une forme vide il tend à conquérir toutes ses réalités qu’il n’est pas.

La parole est le lieu de l’universalité de l’homme de même quelle est dans le comédien, l’endossement d’un rôle par le langage, et autant de rôle que sa vie pourra lui permettre d’aborder, il y a dans l’homme, une sorte d’assimilation à toutes les réalités par le moyen de la parole qui dit le sens. Au théâtre l’homme parle ce qu’il n’est pas, il peut agrandir le théâtre jusqu’au monde et chercher par la parole à être l’être de tout ce qui est. La parole n’est plus alors celle du jeu esthétique mais celle d’une connaissance métaphysique qui veut aller jusqu’à la pénétration de ce qui est pour s’y  joindre. Dans le discours le sujet dépasse sa particularité inachevée vers l’univesalité de tout ce qui est dans le tout. La parole est ainsi la rencontre de ce qu’est un sujet avec ce qu’il n’est pas mais voudrait être. Elle est le carrefour de l’individualité et la totalité, du particulier et de l’universel, de moi et de tous, de moi et de tout.

Ecrire c’est agir sur l’autre. Tout écrit est destiné à l’autre qu’il soit lecteur ou spectateur. Parole écrite ou spectacle regardé renferment un jeu de séduction, une manifestation d’un désir d’aller  vers l’autre.

 

20 commentaires:

  1. Mon Dieu que ce fut ardu de commenter ton génie qu'Odin jalouserait à en marteler Thor !
    Oui, Oui, et re OUI, j'aime ce que tu écris, où plutôt ce que tu es, traduite en mots héroïques par l'effort surhumain qu'ils fournissent pour cotôyer et respirer l'Être.
    Dima, vois tu cette étoîle filer vers un firmament qu'on croyait, toi & moi, oublié ?
    Quelle bout de fée fais tu ?
    Où te cachais tu que pas même le gnome fou n'a su te dénicher contre ton gré ?
    J'envie cette bouffée d'air que tu souffles des tréfonds de ton honnêteté !

    RépondreSupprimer
  2. Il ne fut pas facile l'accouchement, yug. Et je dirais meme que c'est devenu dur et difficile que de lire de nos jours. J'en suis à mon premier passage aérien et je me dois de revenir, encore une fois, survoler cette plaine philosophique afin d'assimiler le pourquoi du comment de la relation de l'Homme avec le verbe.

    Pourquoi parles-tu, Yuggy ? Pourquoi écris-tu ? as-tu besoin du mot et du verbe pour vivre ? t'affirmes-tu à travers tes mots ? ta réalité est-elle la réalité de tes mots ?

    Sacré Week-end et vaste programme !

    dima...en mode brouillon

    RépondreSupprimer
  3. Soit ! j'ai trouvé mon fil conducteur :

    Aprés l'apologie du Silence salvateur aidant l'etre à constituer son parler pour ne pas dire à réfléchir avant de s'exprimer : "je me livre au silence pour apprendre à parler". Une métaphore qui ne pouvait se permettre le luxe de ne pas traiter du concept de la pensée et à mon humble sens cela ne sera que partie remise, voilà un texte qui fait réfléchir sur le role de la parole, des mots, de leurs sens et de leur utilisation par l'Homme et dans quelle finalité, consciemment (séduire l'autre pour fuir sa propre solitude) ou inconsciemment (vivre tout simplement au sein de la socièté et pour communiquer il nous faut parler -entre autres- pardi !). Le mot et son sens : le contenant et le contenu. La réalité et le Monde : vie et espace de vie.

    J'aime bien cette asserrtion :

    Au théâtre l’homme parle ce qu’il n’est pas, il peut agrandir le théâtre jusqu’au monde et chercher par la parole à être l’être de tout ce qui est. La parole n’est plus alors celle du jeu esthétique mais celle d’une connaissance métaphysique qui veut aller jusqu’à la pénétration de ce qui est pour s’y joindre

    dima... à suivre

    RépondreSupprimer
  4. mon cher merle blanc, mon cher yugurta,
    jouisez de l'étendue sphère de la parole, jouissez du sens et du non sens... je m'enrichie de vous avoir, de votre savoir, de votre habileté de me lire en strates, de me dire en vous disant.
    Pour ne rien vous cacher et pour rester toujours sincère et honnête, je vous dis que ce texte et notamment cet extrait cité par dima est un fruit d'un long labeur des nuits à bucher le sens du théâtre de Jean Genet"Le Balcon".
    Je remonte "joliment le temps" pour puiser dans la fraicheur de mes années de gloire (université).
    en passant ,je baise la main de mes vénérables Maitres! quelle chance j'avais, et j'ai, d'être souvent entourée des meilleurs.

    RépondreSupprimer
  5. Je suis très interpelé.... Esothériquement interpelé...
    En effet je suis sur le point de publier un article concernant le désenchantement des mots... Quand le sens n'est plus véhiculé par ces porteur d'intérêt. Le propos ressemble au tien... Par ailleurs l'image que tu utilises pour illustrer ton propos a failli illustrer mon annonce "Pour que le nord ne soit pas jaloux du sud"...

    Ce genre de coïncidences m'arrête... Serais-tu une âme sœur... Ou juste une sœur... Qui sait, peut-être juste une âme !?

    Sinon que faire quand les mots ne portent plus de sens ? Quand la substance est galvaudée ? quand les mots ne sont plus que les fantômes d'un langage offert au rabais ?... C'est là la question qui me taraude...

    Bien à toi, à Yugurta et à Dima... sans oublier tous les lecteurs silencieux !
    al.

    RépondreSupprimer
  6. Percutant! Je le sent ton volcan :))
    je reviendrais te lire
    Moh

    RépondreSupprimer
  7. Et comment qualifier que des mots innocents s'imbriquent contre leur gré pour signifier l'innommable sous les doigts des "dramateurs" inconscients de cette sagesse qu'xprime Kali : "Ecrire, c'est agir sur l'autre"... ? Coupable d'exclavage et d'abus des sens atrophiés par la consommation d'une imagination "industrielle", l'écrit vain de bien des auteurs respire la putréfaction de leur âme.
    Je reviens à l'instant de "Chez AL" avec l'oeuvre originale d'un Homme de vérité, courage et authenticité... qui dame, sans le savoir, le pion au "misérabilisme" du Dr HO qui a perdu mon estime en se roulant sur ordre et sans modération dans une boue narcissique.

    Dima, je n'oublie pas de répondre à tes questionnements. Ma nature est trés proche de la vôtre. Je recherche par dessus tout le silence et l'absence de compagnie humaine.
    Quand j'écris, j'avoue que c'est du "giclé" dont je suis souvent obligé de corriger les erreurs de saisie le lendemain.
    Le pourquoi de ce "délitement enchanté" réside dans l'illusion apaisante que ces idées sont fertiles d'espoir, d'humour, d'équité et de conscience... Pour le commun des regards.
    J'insère des messages exclusifs à l'intention des "faiseu(se)rs de l'Histoire" en les façonnant de sorte que le choc de l'information anticipée leur fasse comprendre que chacune de leur action influe sur le "futur partagé".
    Je n'ai pas besoin de mes mots autant que je prie qu'ils me laissent en paix lorsque je les fuis.
    J'ai besoin de Vous pour apprécier la solitude et la chaîne de vos âmes me permet de rester Humain.
    Merci.

    RépondreSupprimer
  8. Au delà des deux rives, nos regards se croisent, se décroisent,pourquoi ne serait-il pas ainsi de nos pensées vagabondes?
    voilà! tout se résume dans la structure de l'entonnoir... "juste des âmes" ou leurs ombres!
    ravie de te relire .

    RépondreSupprimer
  9. moh, bienvenu et que le non sens triomphe des trous du langage. j'ai lu ton . ça. et je me suis remémorer tout les trous de notre système de valeurs qui réduit l'être à un ça. très très fort!

    RépondreSupprimer
  10. oh que tu as raison yug sur bien des choses... mais s'il te plait laisse le faire son Deuil, à sa manière, laisse se vider du sens qu'il y a jusqu'au non-sens... chacun sa méthode...chacun "sa blessure saignante"!
    en l'absence de Kb, le sage, je fais la sage!
    sourire
    ps: je sais à quoi tu penses, je deviens yugurtine:
    qd le chat est absent, les souris dansent!
    ya pas de souris(e)!!!

    RépondreSupprimer
  11. yugurta, je te parlerai une autre fois d'esclavage, d'estampe et de bien des "mots"...
    merci al de ta visite, j'ai oublié de mentionner ton nom sur le message adressé à ton égard, ¨âme et soeur!

    RépondreSupprimer
  12. je viens d'apporter ma pierre a cet édifice collectif , et je vois que l'aboutissement est presque... ; nuance des mots Bien sûr


    merci du commentaire ;au plaisir de vous relire..

    RépondreSupprimer
  13. ravie de t'avoir comme lecteur zalamite . saluons le nouveau lutin du pré kalimate et que notre Tour s'éclaire par ses "Lumières"!

    RépondreSupprimer
  14. Aaaah kalimate ! Tu abordes là un sujet aussi vaste que la capacité de propension de ce que j’appellerai l’« idéation », et d’emblée tu places le sujet sous les bonnes auspices de la poésie même si cela nuit, volontairement presque, à l’approche académique qui se devait d’être pour un sujet que je suppose « devoir philosophique ».
    J’aime beaucoup ta façon d’éviter la lourdeur et le fastidieux de l’analyse en effleurant, d’une inadvertance calculée, la théorie de conceptualisation du langage en jouant habilement sur une fausse naïveté dans la théorisation de la signification.
    « Séduire par la langue ! » tel est ton introduction qui donne pour ainsi dire le La à la sonate qui suit…avec un petit bémol tout de même puisque le titre « travestissement du langage» induit dans l’esprit du lecteur moyen (dont je fais partie) une conceptualisation, aussi bien internaliste qu’externaliste de « mauvaise intention » dans le sens frégien et russellien du terme.
    Tu laisses planer un doute sur la « bonne intention » de ton propre discours par l’emploi de tournures sémantiques menant à une conceptualisation contradictoire chez le lecteur sur lequel tu « agit » et chez lequel « tu as gîte » certainement…du moins en ce qui me concerne
    Maintenant j’hésite à classer (j’utilise ce mot uniquement par jeu…j’exècre la catégorisation) ton discours dans la catégorie « théorie naïve de la signification » ou celui de « l’implicature conversationnelle » de la femme fatale que tu donnes l’impression d’être
    Quel que soit l’intention je suis déjà conquis par ton verbe… et j’userais de mille subterfuges pour te le faire croire :))

    Kb…qui parle qui parle

    Ps : et si je tarde à répondre, c’est que j’ai toujours un mal fou à accéder à ton pavé de commentaires…à cause de la foule sans doute :))

    RépondreSupprimer
  15. aye!! des mots, des kalimates, aeriennes?? bon, je passerai plus tard bisouus

    RépondreSupprimer
  16. Kb... l'érudit , tu aurais dû signer!
    ceci n'est pas une réponse, tu l'auras ta réponse une fois que je sois imprégnée du sens que véhicule ton message. je veux l'étudier comme il se doit!

    RépondreSupprimer
  17. Enfin, une nymphe dans notre pré des lutins!
    reviens aussi souvent que tu le désires ma chère petite princesse Lina.
    c'est un ordre!!!! sourire

    RépondreSupprimer
  18. d'une note à l'autre
    le prologue s'efface
    l'intrigue intrigante à double noeud
    empoisonne le sens
    que l'oiseau dans son envol
    dénoue par une valse de cithare...
    et que la bienséance grandisse
    "dans l'éclosion du don"
    Ces notes sont pour toi
    Khalid Benslimane Chevalier courtois.

    RépondreSupprimer
  19. On se parle mais on se comprend rarement!
    Une entente préalable sur la signification des mots est nécessaire, condition rarement remplie pour différentes raisons , d'où les malentendus, les quiproquos et les conflits...
    Seule le langage mathématique peut prétendre à une signification sans controverse, ou presque...
    C'est que le mot est la brique pour la construction du langage mais par sa polysémie et élucubrations métaphoriques, il est le grand instigateur de la confusion dans les échanges des états d'âme des interlocuteurs; en revanche il est de ce fait toute la richesse esthétique en littérature et particulièrement en la poésie ...

    RépondreSupprimer
  20. MG, ravie de ta visite , que le cercle des poètes (lutins) perdus s'enrichisse par ton arrivée. merci d'être passé.
    merci pour khatibi.

    RépondreSupprimer