lundi 10 août 2009

L'ancêtre du galet



"la tass'alouni masmouhou habibi..." Fayrouz

Le refrain de la passion (aime-moi sans aucune réserve) demande un absolu. Et le corps se connaît, ne se connaît que par ce que l'autre lui dit, lui confie, que par ce que cet autre lui oppose comme résistance. La passion serait-elle une hypnose inguérie du regard, de tous nos sens? J'ai toujours aimé cette expression : toucher du regard. Là, la limite, la frontière où l'intériorité alimente ses secrets, ses replis, ses prisons.

Assurément, je décris un monde rêvable, merveilleux... Tout y est au coeur de la passion, l'inattendu, l'irraisonnable, le jamais accepté, notre peur, notre faiblesse. Il y a de quoi mener une guerre ! Je me devais de guerroyer pour mon bonheur : être aimée, désirée, comblée. Ma peur est cependant d'une autre nature : c'est ta façon de m'aimer.
Ne sois pas surpris, je suis terrifiée à l'idée que notre amour, naissant certes mais si fort, puissant, étincelant ne soit qu'un amour-vanité où, l'un et l'autre, nous ne cherchons que flatterie ! Telle est ma crainte, ma blessure ouverte.

J'ai toujours aimé avec coeur, mon oulinou, avec mon foie tassanou lakbida... De toutes façons, on aime avec nos viscères, même si les centres d'amour dans le corps diffèrent d'une génération à l'autre ! J'adore ta façon de me dire ton amour (bédouine au regard pénétrant) et ce regard d'amour, ce toucher du regard équivaut à tous les poèmes d'amour… Toucher par la voix, par le regard... Toucher par le corps, n'est-ce pas la plus belle manière d'aimer ?

Accepter tes pierres en gage, offrande en hommage à l'aimance et ses tourments. Entre grain de sable, galet et rocher, tous les rocs sont issus du même aïeul. Mon agonie est ce désir qu'à la mer de m'attirer vers ses profondeurs. Et je trébuche sur la pierre, au bord de la noyade, la guerrière combat le courant, les rochers, les algues et en sort comme une créature sylphide, hybride entre la nymphe, la sirène et la gitane.

Entre la limite de deux univers, ton corps épouse le mien, ton regard s'éclaire et me transmet mes racines, les récits des jouissances de mes ancêtres qui hantent ces dunes, ces terres de l'espoir et de toutes les richesses savoureuses. Mon cœur bat la chamade, les regards qui me transpercent la peau sur cette plage n'arrivent pas à déceler la naissance à la vie sous cette peau qu'ils avaient sous les yeux. C'est bizarre ce que les gens voient sans voir.

La fumée me transporte dans des zones d'ombre et de lumière, je m'arrache de cet espace qui se resserre sur mes sens et m'empêche de réfléchir, la paresse est un poison pour la raison et la pensée meurt dans un corps dolant. Je me traîne, m'arrache de cet état d'ivresse, la bédouine guerrière a besoin de guerroyer pour son bonheur... L'air marin chasse la brume et les traces de résine qui m'enchaînaient et le corps recouvre ses sens, mon ouïe s'ouvre à tous les chants de l'univers. Sous le soleil d'août, la belle prend les couleurs du bonheur.

Qu'est ce que le bonheur si ce n'est être aimée par tout l'univers, ses plantes, son air, ses créatures de pierre?

12 commentaires:

  1. La matière honorée danse d'avoir été écoutée entre les gouttes de ta pensée sublimée. Oui, la question est l'amour. Oui,la réponse est la mort. Au delà gît l'espoir comme ces récifs inexpugnables que les océans calînent. Tes mots respirent l'iode et m'entraînent vers la plage de mes pesanteurs, celle où j'aime être nu. Compliments.
    PS : gare aux snippeuses

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  2. Ah l’amour, objet riche, en perceptions valorisantes en carat et surtout en soudaniya, avec un soupçon de miel mélangé avec le parfum de romantique Ritchie (n’existe pas sans doute....) Donnent une mixtion à étaler sur un céleste corps allongé sur une plage d’une nuit de juillet ou août et ou, seules les magnifiques paroles s’entremêlent avec le son des vagues ruisselants et parfois bruyant …oh combien kali avec tes belles paroles d’amour peaufinées tu m’as fais vivre une histoire d’amour inachevée mais profusément flatteuse. Merci.

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  3. Ah le bonheur et ses couleurs! heureux pour ta naissance au bonheur car elle est perceptible de part ta capacité à affronter la pierre, les rocks et les yeux pétrifiées par l'incapacité de te voir.
    Continue ma subtile amie ton avancée vers la vie et l'amour aimance, si le rocher et trop imposant contourne le, car l'amour n'est pas guerre.J'ai la presque certitude ,là,que tu es loin de tomber dans les mêmes pièges. L'amour que tu portes aux choses m'inspire, je me retrouve dans ce que tu dis. Je ne peux qu'être fier de la femme, la maman et l'amie.
    Youssef

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  4. Ton chant d’amour raisonne au delà de la grève
    Où la mer ne se lasse de nourrir les rochers de son écume
    De polir ses galets pour en faire des bijoux
    Ces opalines que s’offrent les amoureux
    En gage d’un sentiment étincelant de transparence
    Voué à l’inaliénable beauté des perles

    Ton chant traverse les profondeurs de l’océan
    Pour aller s’accorder avec celui des sirènes
    Il en résulte une belle houle ondoyante
    Dansant au rythmes de tes appels languissants

    Ton chant se mêle à la fraîcheur de la mer
    Pour aller adoucir la chaleur d’un été
    Prometteur de l’éternel Amour

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  5. MG,j'avoue que j'aime la manière dont tu réagis à mes écrits. Inspirer l'autre, le pousser à écrire, qu'y a-t-il de plus beau? Ecrire est magique, aucune règle précise ne conduit l'action poétique si ce n'est celle qui doit la mettre sur la voie royale du rêve!
    En attente de ton texte sur thanatos.

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  6. Aziz, tu me flattes, tu m'attribues un mérite dont je ne suis pour rien. je veux bien t'inspirer, je veux bien que tu sois heureux, mais une histoire inachevée n'a rien de flatteur, c'est au contraire trop frustrant. Je te souhaite la réalisation de ton bonheur, ou amour au lieu de vivoter sur le fantasme et l'illusion. merci de me lire. Le bonjour à ton adorable famille.

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  7. Mon doux et jeune ami Youssouf! ta sagesse dépasse ton âge. Oui, je le pense aussi, tu es mon autre moi(au masculin). Mes images d' eau c'est surtout un rêve, un besoin de bien être. c'est la deuxième fois que l'océan m'épouse, m'entraine jusqu'à la noyade, puis me permet de sortir, de le quitter, épuisée certes, le coeur résonnant jusqu'à ce que je deviens un coeur qui bat...

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  8. yuga nuga qui complimente Kali? hum, il y a anguille sous roche.Unjour, peut-être, avant l'an 2045,juste avant ton anniversaire, je viendrais te tirer de ta plage où tu dors sous les rayons de ton écran et te trainer vers vraie plage, la mienne, où la nature chante, gronde, tonne et murmure, où le bien être est si simple, un monde minéral par excellence.
    pour les snippeuses et les chasseurs, je n'ai qu'une réponse/ ils ratent toujours l'oiseau et tirent sur l'ombre. Tu as tendance à oublier que kalimate est un Nom avec son Ombre:)).

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  9. Traîne moi donc à ton aise, moi l'étrenné, vers dessous ces galets où la mousse sera toujours moins douce que ta frimousse, moi le légat de l'ombre, traîne moi vers ton monde que ton nom déferle entre le rire des vagues.

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  10. De ce pas,kali,malgrès mes reserves,je m'en vais forcer Thanatos à éclaircir ses malifices ou bénifices ,juste pour toi,l'inspiratrice inspirée!

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  11. enfin je tombe sur le "fameux" GALLET..magnifique,puissant et prenant.. (aux visceres.. comme tu dis) et j'y retrouve le non moins fameux :toucher du verbe,du regard ,du corps..ou aimer..profane j'etais,initié je me retrouve.. mille merci sur l'autel de ta sensibilité pretresse du temple des magiciennes du verbe

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  12. Ravie, je suis que tu retrouves mon espace et que tu laisses ta trace.
    Hachem, la prochaine fois signe de ton nom s'il te plait ou pseudonyme ,toi qui n''as du profane que le nom.
    Puisses-tu te soulever de ta "tombée" aussi puissante, saisissante soit-elle!
    sourire radieux de la maitresse du pré aux lutins érudits.

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