dimanche 29 mars 2009

Chant fractal



L'écriture est un jeu et un enjeu. jeu de structures interminables ... l'enjeu reste plus important.

"Je te dis rose, je tue warda"

Le poète sait que quand il nomme la chose, il fait le deuil du poète par cet médiateur qu'est le langage. Nommer est-ce se séparer de la chose nommée?

" Comment te dire sans te séparer de toi?"

L'essence est évanescente, elle est toujours ailleurs. Fugace, elle nous éloigne de la proximité d'avec la chose.

"Pour peindre une rose, il faut oublier toutes les roses peintes"

La fameuse phrase "un oeil, une main". Comment acquérir cet oeil virginal pour peindre la rose? Serait-il possible d'acquérir un style virginal?

Ecrire "plastiquement" avec les mots; mener un corps à corps avec l'écriture, voir autrement ce que les autres voient s'en imprégner puis s'en défaire, fuir l'aliénation.

Pour être un authentique créateur, il est nécessaire de se défaire de tout savoir... peut-être que dans cette humilité là l'artiste se révèlerait en nous.

Comment renoncer à cette prétencieuse intelligence pour que le style se fasse éclatement, et que cette écriture s'épanouisse de nos secrétions corporelles, nos viscères, nos passions, nos défaites?

Comment enfermer mes paradoxes dans les anneaux d'un beau style?

Comment faire résonner les accents qui m'habitent et tous mes dialectes où soleil, vent, dunes et monts se mêlent et se foisonnent?

Comment libérer l'horizon éternel et mystérieux que la mer laisse comme souvenir au fond de mes yeux?

Comment assurer l'inédit dont ce que le "Je" a vécu, vit et veut écrire?

Comment te dire sans me séparer de toi?

15 commentaires:

  1. Pour être un authentique créateur, il est nécessaire de se défaire de tout savoir... peut-être que dans cette humilité là l'artiste se révèlerait en nous.

    Il faut se dénuder et laisser le vent de l'inspiration nous fouetter. Il faut se défaire des acquis et réembrasser la virginité, fontanelle de l'écorché vif. Il faut souffrir ou s'énivrer de ses souvenirs pour souiller sa page blanche. Il faut aussi rester soi-meme parce que devenir un "Autre" en écrivant n'est pas l'objet du reflet du "Moi" dans la page-miroir.

    dima...l'encre du "Moi"

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  2. Je rejoins Dima dans le choix du paragraphe. C’est peut être pourquoi les enfants sont meilleur artistes qui les savants.

    On ne peint pas La rose parce que La rose s’appartient, elle est sienne.
    On peint sa rose –si on en a- parce qu’elle est bien soit parce qu’on l’a dedans son chez-moi de soit. Exactement comme on la veut, là où on la veut, comme on la sent… même quand l’expression n’arrive pas.. à suivre.
    Moh

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  3. dima, mon ami! ce que j'aimerais lire ton encre ancestrale transcrite et ancrée sur les planchettes-talisman de l'école coranique!
    dans l'attente de te lire sans te séparer de toi.
    sourire.

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  4. Oui moh! les enfants ne sont pas encore pervertis par le savoir "qui ne sais pas". les enfants sont une plaque de sensibilité et d'authenticité.
    merci de passer et d'amener un air authentique dans cette jungle de paraître et d'illusion!

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  5. Tu es belle comme un petit phoque, dit un esquimau
    Tu es belle comme une gazelle, dit un arabe
    Tu es belle comme une rose, dit un européen
    Toi qui es belle, es-tu un phoque, une gazelle ou une rose?
    L'empreint, la métaphore, remplacent l'incapacité de savoir, de cerner l'essence d'une réalité.
    Tout moyen de communication peut être comparé à un bâton d'aveugle qui permet de contourner un obstacle sans connaître sa nature.
    Là ou l'art triomphe par sa modestie, la philosophie et la science échouent par leur prétention!
    Une prétention qui éclaire ce qui est à notre portée jusqu'aux limites de l'inaccessible.

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  6. chacun son godot MG !
    je crois savoir que le tien est poétique alors je t'invite à un autre chant fractal, Malarmé:
    "Azur, Azur,Azur...." l'eveil émotionnel ne suit pas la chute de la phrase, aucun "Azur" ne fait appel à l'autre! fascinant n'est-ce pas?
    bien à toi.

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  7. "Comment renoncer à cette prétencieuse intelligence pour que le style se fasse éclatement, et que cette écriture s'épanouisse de nos secrétions corporelles, nos viscères, nos passions, nos défaites?"

    Dis nous, toi. Dis nous tout. Le style, le style et le style. "Le style c'est l'homme" écrivait Buffon.

    Ah les planchettes-talisman de l'école coranique : quel souvenir ! tu noteras, kalimate, que je n'arrive pas à qualifier le souvenir tellement le souvenir du baton de lfqih est ancré en moi :)

    J'aimerais bien parler de cet énerguméne mais je crois qu'Abdelhak Serhane en parle merveilleusement dans son écrit "Messaouda"...

    dima...en quete de la trame

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  8. je te plains mon cher dima, une expérience de moins pour moi. je n'ai connu que l'école étatique sans avoir évité pour autant les punitions sévères. je te gratifierais un jour "prochain" dans exercice d'écriture, de mes souvenirs scolaires, de mes maîtres les plus adorés et ceux dont je n'ai gardé qu'amertume et désolation... j'arrête là pour ne pas brûler mon écrit encore en phase embryonnaire.
    ps
    ceux-là j'aimerais bien les dire pour m'en séparer... sourire.

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  9. Punitions sévères pour les jeunes filles marocaines dans des écoles publiques marocaines ???

    C'est la première fois que j'entends parler. Contrairement à toi, les petits males marocains avaient (et ont ???) droit à la falaqa : qui dit mieux, chère brune épicée ?

    dima...7amal

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  10. falaqa, non , j'y ai assisté, sans y avoir goûté. des coup secs de règle de fer sur les doigts (aie! c'était douleureux) pour la récitation du tableau de multiplication, division, ou la conjugaison , le coran..."i3rab"... je detestais apprendre par coeur sans comprendre.

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  11. A bas les sévices corporels dans les écoles marocaines !!!

    dima...encore marqué

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  12. Personne ne dira la rose mieux que la rose elle-même. Le nom ne la contient pas…il l’évoque seulement et comme tu le dis toi-même, cette évocation est fractale par son degré de perceptivité sur nos sens.

    Quand le poète évoque la rose c’est plus pour qu’elle le raconte lui à travers son ressenti

    J’avais émis ce point de vue à propos de ce même sujet

    http://www.kbaratinage.com/?p=279

    amitiés

    kb

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  13. Tu as très bien expliqué ce qu'est libérer le style," lacher la bride" c'est cela le principe de l'art, laisser le corps s'exprimer à travers des coups de pinceau.
    oui kb, dire son texte c'est aussi s'en délivrer, s'en séparer dans une expérience analogue à la catharsis grèque.
    que mes mots dits ou non-dits adoucissent ton deuil cher ami.

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  14. Toujours les mêmes soucis... des questions auxquelles je n'ai aucune réponse... les poser présupose que vous detenez les réponses...c'est ce que vous nous avez appris madame.
    ancienne élève.

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  15. Enfin, tu as réussi à rejoindre le pré de kalimate. merci d'être passée, je sais que tu es très occupée par tes exams. Je suis contente de constater que mes leçons ont servi à quelque chose et que le savoir n'est pas toujours périssable!
    passe aussi souvent que tu le peux;
    ps: merci pour ton sympathique e-mail.

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