jeudi 4 juin 2009

Corps des saisons




Mon corps est un centre de perspective, c'est à partir du point de vue de mon corps que le monde s'organise. c'est un médiateur qui me permet d'agir et de ne pas être une simple spectatrice.
Une âme sur la voile des vagues, un navire saoul qui chavire, vogue, se balance...
Je me trouvais au sein du beau... prise dans les plis de la beauté incontestée, un corps fantôme, plaque de sensibilité. Mais eussé-je pu, cette sensation l'éprouver avec plénitude si je n'eusse attisé le feu des saisons :fauve tourbillonnante feuilles frémissantes, blanche éclatante dont l'indigo du ciel laisse des estampes dans mon âme, rose enivrante parfum des nuits douces, paille langoureuse en un clin d'oeil l'oiseau se pose et s'envole.
Le désert se met à bruire, le sifflement du vent chargé des plaintes des myriades de graines de sable mouvantes d'une dune à l'autre, deconstruisant l'une et construisant le corps de l'autre... n'est -il pas vrai que tu ne seras pas construit tant que tu ne seras pas en ruines?
la forêt de pin divulguait son parfum sans retenue. J'aime ces libertés qui inspirent mes sens et réconfortent mon âme. Agitation des feuillent qui se savent condamnées à choir... et donc chutent dans un mouvement gracieux, on dirait une danse de la mort.
rien en elles, absolument rien, ne prévoyait une mort prématurée.
Le zen dit-on, dit-on fait de l'effacement une réalité absolue. Leur disparition harmonisait avec les fleurs de mai. Cette blancheur glaciale m'entraîne en d'insondables réflexions... le téléférique s'éloigne ascension qui me plonge dans cet univers paisible. la beauté hivernale du Grand Atlas ...Toubqal s'asphyxie... ce n'est pas la laideur qui m'inspire, je la laisse de côté et replonge dans ma communion d' avec l'espace. les branches agitées se heurtent. Le bel indigo s'installe, les monts gardent leur flegme sous l'averse des rayons timides. Le regard levé vers le ciel me distrait de la sensation de mes cheveux qui gèlent et de mes membres meurtris par le froid. Je jalouse les nuages lovés au creux du ciel qui s'enlacent, se tordent, s'étirent , deviennent élastiques, se déchirent, s'éparpillent ...puis s'unissent dans une étreinte interminable.
Je frissonne. Au loin la fumée de bois monte en filets vers le ciel. l'odeur ancienne du bois...
l'odeur m'interpelle éveille mes souvenirs..comment oublier le parfum du bois dans mes cheveux au fin fond de cette campagne désolée? Face à cette bûche, je trébuche sur l'écriture, ma tête tourne, je vacille...
Vivre intensément, vivre houlousement...si mon corps brûle sur cette plage, aucune flamme n'en surgit. Il absorbe les rayons et reflète la lumière. mon corps miroir réflexif. caressé par les vagues, il se délecte dans un gloussement sauvage. A la première gifle de l'eau, un frisson presque voluptueux me parcourut. l'eau soigne les craquelures de ma peau assoiffée de caresses, comble la glaise sèche... la brise qui se lève berce les boucles de l'enfant en moi ...mon âme au contact de l'eau, le feu, l'air et la terre renaît libre, de cette mer, ventre de la terre et vogue sur la voile du vent.
le chasseur vise l'ombre et rate l'oiseau qui vole.. vole.. vole loin de la chasse et des chasseurs.

18 commentaires:

  1. Te voila camusienne cette fois :)

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  2. Je ne veux pas te contredire mounir, notre kalimate est phénoménologique, husserlienne à souhait.
    bien à toi, Youssef.

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  3. Et pendant que vous y êtes, pourquoi pas kalimate mystique " soufie" de attassaouf!

    Oui, Mounir, je suis un peu camusienne mais non absurde, même si j'aurais aimé que tu me précises cher ami le passage qui me sacre adepte du Grand Camus.
    Oui Youssouf, il y a un peu de la phénoménologie husserlienne dans mon texte," je vois selon lui que plutôt je ne le vois..."
    merci à vous deux de me suivre.

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  4. En fait,pour rester dans le vrai, je ne fais que traquer le moment de l'apparition des choses de l'étant...
    Merleau-Ponty a pu écrire que "la poésiefait brûler le langage ordinaire" et avec lui sa fonction de signification.
    sourire.

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  5. Piètre poufiste en extase "pâmoisonnée" ne recherche plus rien. Satiété quand tu viens, portée par les 8 bras de Kali ! Non plus DS de la mort mais princesse de l'Amour !
    A te suivre, on se trouve !
    Au delà, faisons fi des mots...

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  6. yuggy, fidèle lecteur et dont les commentaires m'apprennent énormément...
    j'écris cette réponse et la tension est à son apogée: je suis en même temps la finale féminine de Roland Garros. que c'est agréable de voir la gloire de ces belles sportives.
    quand on se libère de la tension psychique, quand on arrive à cette sérénité, rien je dis rien n'importe!
    Merci mon ami pour le titre, je le trouve bien gratifiant.

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  7. ça rime beaucoup... je ne sais quoi dire.. moi profane en litterature , ignorant du zen . tu as éveillé en moi l'amour de l'art merci...les vagues de la mer te seront trés chaleureuses mieux que moi peut etre..!!?

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  8. Il n'existe aucun sentiment d'où la pensée soit exclue. Mais le sentiment existe-t-il vraiment ?

    L'amour est dénué de sentiments, car qui dit sentiment dit sensiblerie, sentimentalisme, dévotion, attachement, colère, etc. L'amour est dénué de qualités, d'attributs.

    L'amour n'est ni sensation ni plaisir, et dans l'amour n'entre point tout le travail du temps.

    L'amour est à lui-même sa propre action, sa propre éternité.

    La beauté de l'amour n'est ni dans les souvenirs du passé, ni dans les images projetées dans l'avenir. L'amour ne possède ni passé, ni futur; tout ce qui possède est mémoire, et la pensée, c'est le plaisir - qui n'est point l'amour. L'amour, avec sa passion, est juste au-délà de cette source où évolue la société - c'est-à-dire vous.

    Krishnamurti ;-)

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  9. aziouchka, assurément que oui! les vagues sont bénéfiques pour nous tous! cependant, ami, ton amitié m'est chaleureuse et ne va pas penser autre chose! rire.
    au fait, un peu d'art et de littérature n'a jamais fait de mal à personne. je suis aussi profane que toi.

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  10. cher Simomoh, il n'y a que toi qui puisse signer Krichnamurti. Merci cher ami de contribuer à l'enrichissement de mon blog par tes apports, par ta présence.
    Tu me parles d'amour, soit, je te parle "d'Aimance" , de bien être, d'être au monde, d'apprécier chaque chose, de prendre le temps de vivre et d'aimer tout ce qui nous entoure.

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  11. Sur le téléphérique de tes rêves
    Tu survoles un paysage onirique
    Qui magnifie notre âme contemplative
    Grâce à ton narcissisme lyrique

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  12. Me voilà narcissique! sourire. moi qui ne voulais qu'exprimer la relation aux choses, au temps, à l'énergie naturelle.
    L'accueil serein fait au mouvement extérieur réalise un équilibre, une soumission volontaire,libre, délibérée, un aveu de bonheur, une délectation de l'écoumène... une dynamique de la différence comme rêverie, comme projet (modeste) de création...une altérité sensorielle, géo-poétique où le désir s'accorde au savoir et au monde.
    MG, il n'y a pas de mal à laisser notre narcissisme lyrique triompher ne serait-ce qu'un moment.

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  13. A chacun son narcissime et c'est tant mieux
    Que peut on aimer si on ne s'aime pas soi meme?

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  14. Kalimate, mon amie, je n'ai pas compris le concept d'aimance?? peux tu m'éclairer un peu la dessus

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  15. @MG, un conseil surtout pour les femmes, je veux dire les mamans: s'aimer soi-même, s'inscrire en haut de la liste si tu vois ce que je veux dire.
    @ Doudou, volontiers ma chère. le nouveau post sera pour toi. je reprendrai le concept de l'Aimance d'un autre angle. mais pour le moment jette un petit coup d'oeil sur un de mes anciens billets:
    http://kalimate-aeriennes.blogspot.com/2009/03/quand-le-dire-est-aimance.html#comments.

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  16. Tres beau temoignage chere Kalimate. Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas atteri sur ton pré. J'étais moi même pris par les sensations de liberté et de connection à notre mère nature. Bien à toi ...

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  17. Heureusement que tu as pu réaliser cette symbiose avec mère nature...j'espère lire ton expérience prochainement.

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  18. Merci mon amie, je vais aller voir ça de suite... j'aime bien la sonorité du mot... ça sonne bien à mon oreille

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