mardi 30 juin 2009

Les Diaboliques vannés...on n'y voit que du Feu!





Le dandysme

Ce trait de caractère, s'il est vu comme un péché mignon par la société, dans le cas du capitaine Ache, le dandysme contribuera à la ruine de sa carrière professionnelle "Maréchal( ferrant) de France".
afin de montrer aux lecteurs (fidèles que sa faim d'être lu n'est pas boulimique) que ce qui est dit est vrai, l'auteur invite ses derniers( lecteurs) à approfondir l'analyse morale (mortelle) du personnage et donc de mobiliser ses compétences descriptives pour contribuer à brosser le portrait futuriste du capitaine ( je vous promets plus de punch", plus de folie...plus et encore plus...)
dans le but de dresser un catalogue des qualités de l'officier.

Pour illustrer ce qu'il avance, l'auteur confère à la jeunesse du capitaine Ache, qui constitue un début de carrière brillant sur les bancs de l'école publique...
_ wa ma adraka ma l'école publique, j'en sais quelque chose, je suis professeur! Chut...

...en plus d'une bravoure légendaire. Ajouter à cela, l'amour et l'estime de ses matelots aux yeux desquels il constitue l'archétype du soldats :" excellent pour eux, et même bon-bon".
Le capitaine du navire avait toutes les qualités requises pour avoir de l'avancement., mais," le dandysme" en fait une "poudrière"... et que ça sauuute!

La contradiction ici, est évidente, impossible mais vite résolue par l'évocation d'un autre trait salvateur, à savoir le bonheur du séducteur. Même son mioche en témoigne"dad is a killer". La cerise sur le gâteau, son journal de bord promet des histoires scabreuses de port en port...
Bref, l'auteur résume le portrait moral de son personnage en un seul mot qui en dit long: "Superbe".

L'analyse devient de plus en plus précise et caractéristique. dans cet extrait,(tous ces liens qui ont craqué, laissant les voiliers voguer au gré du vent), malgré le mal de mer,l'auteur tient à ce que nous saisissons très exactement ce qui fait l'originalité du capitaine ; il corrige par de nouvelles touches ( une chaîne dans l'eau, pour ancrer l'ancre, fendant la surface de l'eau comme le claquement d'un fouet) ce que les précédantes pourraient avoir d'un peu vague.

Il nous rappelle, en réaliste ferreux, qu'il a été ainsi formé et déformé par l'influence de ses ancêtres " les conquistadores" , son éducation "publique"et le milieu où il a vécu ainsi que ses traits de caractère qui font de lui un fantaisiste, bref, un personnage "parabolique".

kalimate en attente du (QCM) 7 questions au choix multiple.


Les Diaboliques vannés...





Le texte que je vous propose aujourd'hui ,chers lecteurs et lectrices est extrait de la nouvelle "l'enfer...c'est les autres" du sublissime Iron man...

_ Stop! Kalimate ma chérie, tes méninges brûlent à force de Rhum(e), tu veux dire ...bois brûle, fumée sans feu, enfer par rapports aux autres... je saisis, je m'excuse de t'avoir interrompu, surtout continue!_

...Le morceau est situé au début de l'histoire, ou après deux ans, deux jours, deux semaines..tiens, je ne me rappelle plus, lmouhim, c'est après deux et auprès d'eux (Allah ijib seha ou salama).
le narrateur"anti héros" par excellence, brosse le poil au peigne fin ...

_ beurk! Que de bestioles vampires va-t-il" dé couvrir"? Pardon, je ne t'interromprai plus, promesse , continue kalimate!

...enfin ce que je voulais dire, l'auteur se remet en question tout en brossant le portrait physique et l'analyse morale de son personnage principal le capitaine Ache lors d'un voyage de convalescence. D'où la question, quel est l'apport du portrait à l'économie générale du texte?

Pour répondre à cette question, il s'avère nécessaire d'étudier le côté romanesque du personnage, ensuite analyser munitieusement les caractéristiques de son portrait moral et en conclure par une étude approfondie de son portrait physique.

Le texte est entamé par un flash sur le passé naval du capitaine. on apprend du coup qu'il a échappé à la mort lors de la dernière vague de chaleur mondiale ( peu importe à quelle crise il a échappé, il parait qu'il échappe à toutes, ogresses comprises).
La première qualification qui annonce son portrait est celle de "vieux beau". qualification émise sur une tonalité ironique vu qu'on ignore l'âge exact du capitaine, étant un bien commun, une désignation malhonnête dont se sert le "monde" pour indexer ce personnage "hors pair".

Par ailleurs, une rectification s'opère au moyen d'une restriction, une réduction portant sur le sujet qui passe d'un sujet collectif, anonyme, méchant:"le monde", à un sujet plus individualisé, raffiné, et donc de qualité:"on", un on qui ne se paie pas de mots ou de chiffres et pour qui le capitaine passe pour "beau". Cependant, l'auteur se double d'un sémanticien pour montrer au "lecteur" que le sens de "beau" doit être révisé.

L'auteur est convaincu d'une vérité qui lui tient au coeur (avec ou sans philtre), il invite le lecteur à retenir le sens exact de beau tel qu'il l'entend et démontre que le sens réfuté est celui de "tout le monde" où "beau" se réduit à une équation fausse, une géométrie fermée alors qu'il faut considérer le personnage comme étant "une totalité" et non le restreindre , une géométrie ouverte regroupant l'esprit, le savoir être et la physionomie.

En conclusion à cette première partie, nous signalons que l'unique notation descriptive qui nous soit livrée sur le compte du capitaine du navire, est qu'il est "beau". Cette notation devient acquise, invite à une démonstration à structure d'entonnoir: "vieux beau"," passe pour beau" et puis, "beau" tout court.

La deuxième notation mise en relief par le narrateur est "Dandy". Qualification morale attribuée au personnage principal et qui marquera par la suite sa carrière professionnelle, navale, voire même toute sa vie...

A suivre...


vendredi 26 juin 2009

Blanc ou Noir... dites-vous?



...La pièce de Jean Genet, Les Nègres, a pour sous-titre aussi "clownerie".L'auteur l'a voulue une caricature grossissante du conflit qui gère les rapports entre Blancs et Noirs. C'est toujours la même thématique reprise, travaillée à travers ses différentes pièces: le rapport à l'autre, le rapport du dominant au dominé.

La force de la pièce réside dans le fait que Genet ne se contente pas de dénoncer les stéréotypes qui ont forgés le nègre, il entreprend de désintégrer dans les esprits l'imagerie qui s'y attache.

le rituel que met en scène la pièce est à la fois une mise à mort et une mise en pièce, une mise à mort du blanc et la mise en mort de toute cette gangue qu'il a siècle après siècle ,tissé autour du nègre. Une fois le tissu de clichés et de préjugés déchiqueté, le Noir retrouvera sa vraie couleur et l'Afrique enfin prendra son envol. Le numéro qu'annonce Archibald au début du spectacle n'est rien d'autre que ce geste d'émancipation:

"Si nous tranchons des liens, qu’un continent s'en aille à la dérive et que l'Afrique s'enfonce ou s'envole..."

Ces Nègres pour une conscience blanche, ils sont juste l'Afrique en ceci qu'ils symbolisent l'état dans lequel le blanc se délecte à les amener à les fixer.....

C’est aussi la mise en pièce de cette gangue séculaire qu'il a de considérer le noir tantôt avec une vision grossissante qui pousse le paroxysme jusqu'à l'exagération de la sauvagerie, de la sexualité, la sensualité du noir et tantôt de le diminuer, le rétrécir jusqu'au non-être : sans foi ni loi, ni religion, le chosifie, le minimise au rang d'objet, d’une bête de somme, d’un lucre.

Comme moyen de défense,ce noir,déterritorialisé,déraciné,arraché à sa terre natale,jeté dans un exil total,privé de son identité sans patronyme,la seule nomination qu'il portera c'est la marque du blanc:une marque onomastique qui en dit long sur les pratiques exclavagistes,inhumaines qu'à subit le noir. Marqué au fer rouge, sujet à toute violence, sa douleur extirpe la douleur, la magnifie en blues,jazz, pop, regue, gnawa ou autres.

De là, le noir expatrié, humilié dans son âme et sa chair tentera de se défendre en jouant au Nègre, en adoptant un masque, en cachant son identité au plus profond de son intériorité. En s'apprêtant au simulacre, il sera un comédien et son lieu c'est la scène. N’importe où il ira se sera pour lui une scène où il jouera le fantasme du Blanc, c’est à dire le Nègre.

Nous sommes tentés de s'interroger avec NIcole Pierre: qu'est ce qu'un NOIR? Pour elle, le noir c'est un exil, pour nous, le noir n'est qu'une couleur!

Si toutes les douleurs étaient Noires!

...

mardi 23 juin 2009

Petit éloge du Grand Soleil




Sur l'autoroute, par dessus ses épaules, les tournesols ravis par cette visite imprévue, se courbent pour voir
Attirée par leurs éclats, curieuse , elle va jeter un regard par dessus la clôture.
Accoudée, elle contemple l'histoire de sa vie , coulant par dessus l'arc en ciel, spectre lumineux
Tournesols fleurs de la sagesse boivent jusqu'à la lie les ondines lumineuses
Dans ce jardin intérieur, l'harmonie de sa féminité se révèle,
se revitalise et s'accomplie en toute beauté.
La caresse n' est pas un simple effleurement, c'est un façonnement
En les caressant, elle fait naître sa peau sous ses doigts
cérémonie de naissance
Grands soleils, pieuses, fleurs des régions tempérées
Se courbent pour saluer la nouvelle venue
Qui ose s'arrêter au milieu de ce chemin de vie
Pour savourer la vie, marquer une trêve
Vivre au ralenti sur une autoroute faite pour tous les dépassements
Et non pas de vitesse surtout...




En partant, à regrets, je gardais leur beauté jalousement sous mes paupières
une concrétion dans mon regard
une dernière caresse du regard habille mon désir évanescent
mes paumes, mes pores de ce contact gardent mille pellicules
ce qui touche profondément, c'est toujours affaire de surface...

mercredi 17 juin 2009

Je le jure.



ce soir, j'avais un rendez-vous galant. rien n'était prévu à l'avance. j'avance, la marche fière, le regard clair derrière mes lunettes de soleil à reflet gris. tout de jaune habillée, je sais, le jaune est une couleur difficile. cependant ma petite robe me sied à ravir et je ravissais, je ravis et je ravirai toujours celui autour duquel ceci tourne. elle tourne. et c'était le cas.
je traverse la grande place Jamaa el fna dans cet esprit là. le là manquait absolument. on dirait un canari jaune qui sautillait et se frayait chemin au milieu d'une place qui grouille, grouille de fourmis. tentée d'en croquer quelques unes? non, non merci.
il faisait beau, le monde est beau, les gens sont beaux, la beauté rayonnait de toute part , derrière mes lunettes grises.
le noeud à la romaine de mes sandales(neuves) en tissu marron glissait. je me sentais jolie et jolie j'étais. au fond d'une passerelle de la ville ancienne, il m'attendait, il me regardait de ses beaux yeux clairs. ils brillaient de mille feux et me souriaient.
le bonheur me souriait de ses yeux verts. mes joues s'empourprent. c'est qu'il est beau de voir le bonheur heureux. je parlais, je parlais, c'est que je deviens bavarde et timide quand je dépose mon masque. le bonheur me regardait parler et soudain son regard clair s'assombrit, des larmes perlaient dans ses yeux cannelle. dans cet arôme douçâtre, j'oubliais mes peines. c'est beau de voir le bonheur pleurer...je riais, sautillais alors que la pluie essuyait les autres odeurs. il ne restait que l'odeur de la terre et des enfants qui couraient dans les champs saluant les premières larmes qui coulaient du ciel. leurs cris emplissaient mes oreilles, infiltrait ma mémoire émotive" a chta ta ta ta ta, awlidat elherrata,..., rah omek tjri ou ti7, rah bak dah ri7..."
première goutte dans la bouche la langue bien pendue , le regard vers le ciel , la deuxième, dans l'oeil, la tête bien renversée pour tout boire, tout voir... éclats de rire.
le bonheur se répandit, sa robe jaune couvrait toutes les misères. je me cherchais et ne me trouvais nulle part, j'étais toute éparse... éparpillée, dissolue dans toutes les larmes qui coulaient de ce regard bleu azur...puis un parapluie me voila la face. un passant m'éclabousse le pied à moitié nu dans mes sandales neuves en tissu marron cannelle. la nuit est là où moi je manquais... la pluie a cessé,les champs et les enfants ont disparu, le bonheur aussi laissant derrière eux des flaques de boues. j'avais mal. mes doigts aussi.
tous étaient emportés par le vent.

"tout bonheur est de volonté et gouvernement...le gouvernement de soi fait partie de l'existence; mieux, il la compose et l'assure".ALAIN

"Il faut jurer d'être heureux", ALAIN, Propos sur le Bonheur.

dimanche 14 juin 2009

Alors, que peut-elle bien être?




Chez les animaux, le plus fort dévore le plus faible, comme si l'on mettait dans la même bergerie le loup et l'agneau. Telle est la loi de jungle que Darwin expliquera par le principe de la concurence vitale, la disparition des faibles étant l'effet d'une sélection naturellequi, en favorisant la survivance des plus aptes, assurerait la perpétuation de la race et de ce fait, le progrès.

Chez l'homme, ainsi est la guerre, qui est le triomphe de la force, le vainqueur dictant ses conditions aux vaincus et s'il n'y a pas guerre ouverte, chantage par l'intimidation (arme nucléaire comme arme de dissuasion). Dans une société complexe comme la notre, il existe mille et une façons de broyer le plus faible sans qu'il soit nécessaire d'employer la force brute. Ainsi, sur le plan économique, la liberté des acquisitions et des échanges favorise les plus forts et les plus audacieux, donne naissance à des associations qui rassemblent les gros producteurs, et ceux-ci font de leur puissance économique la seule loi. la liberté du minotier est totale, réelle . celle du "grand"Autre est théorique: il peut s'il le veut tourner son moulin à vide. L'antagonisme est résolu au profit du plus fort: celui qui a la force économique.

Haïe par les uns, saluée par les autres...
D'où vient-elle? Par qui est-elle faite? Et qui sert-elle en fait? Quelle est sa valeur?
Est-ce une énigme? une charade? ou kalimate qui joue au voilé/non voilé?

lundi 8 juin 2009

Un passager de l'occident...ou l'éternel errant...

L’homme maghrébin, comme le cavalier « déshérité » ou comme le héros de Cervantès, le conte De La Mancha, ce cavalier menant une errance délirante où il combat des ennemis invisibles, cet « héraut » selon l’expression de Farès poursuit sa recherche de valeurs dans son univers où se télescopent les influences et les courants les plus contradictoires.

Dans ce roman où les histoires internationales, humanitaires, parfois même faisant référence aux mythes « androgyne », la tour de Babel (une bouillie de langues), les itinéraires de plusieurs héros s’entrecoupent, des quêtes de bonheur entre ciel et terre, des descentes aux Enfers, au-delà de la mémoire « les périmètres désertiques vacillèrent vers la mélancolie d’un autre âge. Eurydice se souvint d’amour, d’espoir, avalés à grand souffle… « Tristessa… » Conchita écoute. Je la regarde, et telle Eurydice, au-devant d’Orphée, elle me guida vers la mort.

Quelques jours plus tard je bombardais Conchita de questions, et prévoyais un départ au plus loin de la terre » .

« Un départ au plus loin de la terre » ainsi se clos la quatrième séquence « A la Romance » et s’ouvre l’errance physique de Brandy Fax et Conchita à travers l’Espagne, un voyage au bout de la nuit. C’est sur cette nuit que ce roman nous interroge, sur le doute et sur la peur qu’on tente d’exorciser en les nommant. Et l’errance dans la noirceur de nous même, dont nous voudrions tirer une lumière, ce voyage au bout de la nuit que l’homme essaie d’effectuer, la trajectoire de sa pensée, la quête de sa méditation, se dessinent aux contours d’ images qui pourraient dire le parcours de son voyage intérieur. Ce voyage au non de l’amour qui est vie, sous le signe du mouvement qui est encore un paramètre essentiel de la vie. Au nom de l’écriture et en faveur de l’appel des origines. Il est curieux de noter ici comment Brandy Fax définit Conchita Lopez, sa compagne de voyage « qui est Conchita ? Merveille de pouvoir répondre à cette question. Car Conchita appartient au voyage du corps et de l’esprit. Ainsi est-elle ! »

Dans ce roman animé du souffle de l’aventure, il est principalement question du passé, qui relie les personnages dans une histoire individuelle et collective : souvenirs d’enfance fédérateur d’une parole commune, tragédies portées par des mémoires encore fraîches mais ce n’est pas une analyse ou un procès de l’écriture qui dit du temps mais plutôt l’étude du destin que le héros s’est choisi qui aide à repérer les idées latentes du récit. Une errance qui force la mémoire pour opérer la résurrection du passé.

Promenade au travers de l’enfance, des pays proches et lointains, des lieux de rencontre et de séparation. Le roman retrace les événements qui ont bouleversé l’enfance et la jeunesse. Voyageur impénitent, le héros avance à « pas » de poésie dans l’herbe du souvenir. Son passé le rattrapera sans cesse afin qu’il n’oublie jamais ses origines kabyles, afro-américaine ou espagnole. Tourmenté par ce lourd passé, ces voyages en France voire même en occident sont autant d’étapes vers la sagesse qui secondent son passage au monde, à la manière des récits initiatiques.

Pour échapper à ses souvenirs, il devra quitter sa ville, sa famille, une certaine identité, à la recherche de sa vérité qui est contre culture et contre pouvoir. Ses idées le mèneront de l’autre côté de la méditerranée, vers ce pays qui le fascine, dans une tragique épopée où il sera confronté à bien des aventures mais aussi à l’horreur du racisme et de l’exclusion.

Face à la déterritorialisation, l’écriture vient comme une blessure car c’est une tentative de reterritorialisation symbolique à base d’archétypes, de sexe, de sang et de mort. Pour Nabile Farès c’est aller vers « le maximum de sobriété, le maximum de pauvreté ; vers l’écriture « blanche » ou le degré zéro de l’écriture _ celle de Boujedra des poèmes de Dib, ou celle des romans de M. Mammeri ». Car si dans ces moments « romancériens », écrit Farès, j’apparais comme un zéro qui vadrouille, je dois dire que la vadrouille de ce zéro semble mystérieusement active. Il suffirait qu’un événement provoque l’activité de ce zéro pour que, immédiatement, surgisse la multiplication des capacités du zéro » (p 59)

Véritable voyage initiatique_ dans le sens psychologique du terme (initiation à la mort) _ à la saveur d’exotisme et de rêve, les aventures du héros l’entraînent dans une errance perpétuelle. Sur sa route, il rencontre des personnages qui enrichissent chaque épisode d’une dimension quasi-philosophique. Grâce au mouvement, le héros est dans une autonomie, il est dans sa propre identité : absence de pôles. Le héros se divinise car il n’est plus dans un rapport de dépendance, il a compris le mouvement idéologique esclavagiste. Le héros est lui-même dans cet ailleurs qui n’est pas espace de fixité, mais théâtre de passage, de séjours brefs, de renouvellement. Il s’inscrit dans la brièveté, dans la transition et dans l’errance éternelle car « un passager » est à la recherche d’un récit et le récit vient comme fruit du mouvement qui est une possibilité d’être, comme l’écriture est elle-même rythme. Le héros de Nabile Fares s’inscrit dans l’errance moderne, un héros problématique forcément du moment qu’il a choisi l’exil comme lieu d’ancrage d’un futur meilleur. Mais cet idéal est vite effrité face à la réalité de cette terre d’exil : un rêve qui se solde par la déception et l’échec.

La quête continue forcément, car cet idéal qui l’érige est lui-même mouvement et catalyseur de la quête. Or la quête ne peut pas s’arrêter et ce n’est pas tant que parce que le héros voyage dans le monde et ne trouve rien qui correspond à ce qu’il cherche. Mais parce qu’en même temps, et surtout, que ce voyage en apparence extérieur (dans la réalité du monde) est surtout une métaphore d’un voyage beaucoup plus essentiel, primordial, qui est un voyage en soi (voyage intérieur), voyage de la connaissance de soi en soi.


jeudi 4 juin 2009

Corps des saisons




Mon corps est un centre de perspective, c'est à partir du point de vue de mon corps que le monde s'organise. c'est un médiateur qui me permet d'agir et de ne pas être une simple spectatrice.
Une âme sur la voile des vagues, un navire saoul qui chavire, vogue, se balance...
Je me trouvais au sein du beau... prise dans les plis de la beauté incontestée, un corps fantôme, plaque de sensibilité. Mais eussé-je pu, cette sensation l'éprouver avec plénitude si je n'eusse attisé le feu des saisons :fauve tourbillonnante feuilles frémissantes, blanche éclatante dont l'indigo du ciel laisse des estampes dans mon âme, rose enivrante parfum des nuits douces, paille langoureuse en un clin d'oeil l'oiseau se pose et s'envole.
Le désert se met à bruire, le sifflement du vent chargé des plaintes des myriades de graines de sable mouvantes d'une dune à l'autre, deconstruisant l'une et construisant le corps de l'autre... n'est -il pas vrai que tu ne seras pas construit tant que tu ne seras pas en ruines?
la forêt de pin divulguait son parfum sans retenue. J'aime ces libertés qui inspirent mes sens et réconfortent mon âme. Agitation des feuillent qui se savent condamnées à choir... et donc chutent dans un mouvement gracieux, on dirait une danse de la mort.
rien en elles, absolument rien, ne prévoyait une mort prématurée.
Le zen dit-on, dit-on fait de l'effacement une réalité absolue. Leur disparition harmonisait avec les fleurs de mai. Cette blancheur glaciale m'entraîne en d'insondables réflexions... le téléférique s'éloigne ascension qui me plonge dans cet univers paisible. la beauté hivernale du Grand Atlas ...Toubqal s'asphyxie... ce n'est pas la laideur qui m'inspire, je la laisse de côté et replonge dans ma communion d' avec l'espace. les branches agitées se heurtent. Le bel indigo s'installe, les monts gardent leur flegme sous l'averse des rayons timides. Le regard levé vers le ciel me distrait de la sensation de mes cheveux qui gèlent et de mes membres meurtris par le froid. Je jalouse les nuages lovés au creux du ciel qui s'enlacent, se tordent, s'étirent , deviennent élastiques, se déchirent, s'éparpillent ...puis s'unissent dans une étreinte interminable.
Je frissonne. Au loin la fumée de bois monte en filets vers le ciel. l'odeur ancienne du bois...
l'odeur m'interpelle éveille mes souvenirs..comment oublier le parfum du bois dans mes cheveux au fin fond de cette campagne désolée? Face à cette bûche, je trébuche sur l'écriture, ma tête tourne, je vacille...
Vivre intensément, vivre houlousement...si mon corps brûle sur cette plage, aucune flamme n'en surgit. Il absorbe les rayons et reflète la lumière. mon corps miroir réflexif. caressé par les vagues, il se délecte dans un gloussement sauvage. A la première gifle de l'eau, un frisson presque voluptueux me parcourut. l'eau soigne les craquelures de ma peau assoiffée de caresses, comble la glaise sèche... la brise qui se lève berce les boucles de l'enfant en moi ...mon âme au contact de l'eau, le feu, l'air et la terre renaît libre, de cette mer, ventre de la terre et vogue sur la voile du vent.
le chasseur vise l'ombre et rate l'oiseau qui vole.. vole.. vole loin de la chasse et des chasseurs.